La mystérieuse malle angevine

Le site marcel-legay.fr, limité en espace mémoire, est toujours valide mais il ne peut plus évoluer. Il restera figé en son état du 30 avril 2016. Mais vous pouvez retrouver cette même page sur le nouveau site évolutif www.marcel-legay.com : en cliquant ici.

Vers la fin du siècle dernier, un brocanteur de la belle ville d’Angers, acquiert chez une « dame blonde » résidant dans un village voisin (Corné, Mazé ?) un dessus de cheminée et une malle de documents ayant, semble-t-il, appartenu à un chansonnier montmartrois de la fin du XIXe siècle, début du XXe. La « dame blonde » en question possède également une petite statuette représentant le chansonnier en pied, mais elle ne souhaite pas s’en défaire.

Notre brocanteur angevin stocke alors la malle de documents dans son entrepôt et la laisse dormir une quinzaine d’années, pris par ses nombreuses occupations. Au cours l’année 2014, quand il la ressort du fond de son entrepôt, il prend le temps de l’analyser. La très grande majorité des documents concerne le chansonnier montmartrois dont il avait acheté le dessus de cheminée quinze ans auparavant : photographies, cartes postales, lettres et mots autographes de collègues chansonniers, partitions de chansons, affichettes et programmes de cabarets, papiers personnels, cahiers collectant, par années, les articles de presse le concernant, etc. L’autre partie des documents concerne un second personnage, peintre et poète, avec quelques écrits, de nombreuses cartes postales et surtout une volumineuse correspondance relative à son parcours de prisonnier de guerre.

Ce dernier personnage est mon oncle Guy Berthet, frère de ma mère Marcelline. Le premier est le chansonnier montmartrois Marcel Legay, oncle de Guy et Marcelline, mon grand-oncle. Mais notre brocanteur ne le sait pas encore… Quant à moi je ne connais même pas l’existence de ces documents familiaux…

Mais, on est en 2014 ; la « toile » ― le « net », le « web » ― est maintenant entrée dans tous les foyers français. Le moteur de recherche est devenu l’outil d’investigation courant des familles. Notre brocanteur a vite fait de taper « Marcel Legay » sur son moteur de recherche préféré et de trouver, en tête de liste, le site http://www.marcel-legay.fr qui lui est dédié. Et de faire le lien entre l’auteur du site et les deux personnages de la malle.

Le mercredi 18 juin 2014, je reçois un courriel de Monsieur Bertrand Calmet, brocanteur à Angers, m’annonçant tout à trac qu’il a en sa possession « un grand nombre de lettres de captivité de M. Guy Berthet et autres papiers personnels » ainsi que des « documents concernant Marcel Legay ». Il précise d’emblée qu’il compte m’envoyer sur le champ les papiers concernant Guy Berthet et la liste des documents relatifs à Marcel Legay. C’est tout de même extraordinaire ! Une personne qui m’est inconnue se propose de m’envoyer, comme ça, depuis l’autre bout de la France, ou presque, plusieurs documents concernant ma propre famille !

Et ce n’est que le début des surprises ! J’accepte bien évidemment ce cadeau extraordinaire en en remerciant chaleureusement M. Calmet par avance. Quand le colis de 12 kg arrive, quelques jours plus tard, mon émotion est grande à l’ouverture… Emotion à la lecture des lettres de captivité de mon oncle Guy Berthet qui aura passé six années complètes de sa vie dans les divers camps de prisonniers allemands, déplacé à chaque fois un peu plus vers le Nord-Ouest et qui, « libéré » par l’Armée Rouge de Staline sera quand même encore maintenu en camp jusqu’après la fin officielle de la guerre et mettra près de six mois pour revenir en France depuis Mourmansk, en passant par la Scandinavie et l’Ecosse, au gré des transport de troupes de l’après-guerre ! Emotion extrême enfin en trouvant parmi les lettres que recevait le prisonnier, celles écrites par ma mère réfugiée à Muret, près de Toulouse, où naît mon frère Guy en 1940, puis à El-Milia, en Algérie, où naît mon frère Marc en 1942…

Et les surprises continuent ! La liste complète des documents concernant Marcel Legay dont M. Bertrand Calmet m’a envoyé les photos sur une clé USB me semble extrêmement bien fournie. Après nous être entendus sur le prix du lot, je décide sur le champ de faire un aller-retour à Angers pour aller en prendre livraison. M. Bertrand Calmet me récupère à la gare et me présente, avec un grand professionnalisme, un à un, l’ensemble des documents du lot. Ça m’a fait réellement plaisir de passer ces quelques deux heures avec quelqu’un qui savait faire son métier tout en étant lui-même sensible à l’émotion que je ressentais à l’examen de pièces qui avaient, pour moi, une grande valeur, plus sentimentale que marchande. Je l’en remercie chaleureusement.

Le mystère de la malle angevine demeure, quant à son origine exacte. Cependant, d’après son contenu on peut raisonnablement penser qu’il s’agit là d’un élément de la succession de mon oncle Guy Berthet, lui-même grand admirateur de Marcel Legay, qu’il a accompagné à Morannes, en 1914, lors du dernier séjour du Maître dans sa villégiature angevine et dont il a enregistré des chansons sur cire dans les années 1950. Guy Berthet et son épouse Germaine ont eu une fille Monique, et une petite fille Martine, fille de Monique. Depuis la mort de Guy Berthet en 197?, nous avons perdu la trace de Martine. La malle angevine provient à coup sûr du grenier de sa maison, la maison même de la « dame blonde » où Bertrand Calmet avait vu la statuette en pied de Marcel Legay … à la fin du siècle dernier…

Et où est-elle, maintenant, cette statuette de Marcel Legay ?

4 réflexions au sujet de « La mystérieuse malle angevine »

  1. Daniel

    Bonjour,
    Mon oncle lui aussi prisonnier de guerre français en Allemagne (dans une ferme) a été libéré lui aussi par les russes et est revenu en bateau par Mourmansk. Il a peut être connu votre oncle. Mon oncle avait la particularité étant né à Varsovie de parler russe et servait donc d’interprète entre les libérés français et leur libérateurs (dont il eu du mal d’ailleurs à se libérer, les soviétiques ayant fait un tri parmi les français, c’est le consul de France à Mourmansk qui a fait comprendre aux soviétiques que ce n’était pas à eux de décréter qui était français ou pas ). Toutes mon enfance a été bercé par le récit du soleil de minuit de mon oncle.

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  2. Yves Auteur de l’article

    Ce que vous racontez là prolonge encore le côté « merveilleux » de l’histoire de cette malle… Parmi les documents de prisonnier de Guy Berthet, j’ai trouvé une galerie de portraits au crayon, signés Gébé (1942-43), qui comporte une bonne trentaine de ses compagnons de captivité, avec, pour certains, leur nom. Donnez-moi, les nom et prénom de votre oncle, je vérifierai si, par hasard, il n’y serait pas.

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  3. sandra maury

    Bonjour,
    magnifique histoire… qu’est la nôtre.
    Je suis la fille de cette « dame blonde », arrière petite fille de Guy Bethet et ravie de voir notre histoire contée.

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  4. Yves Auteur de l’article

    Bonjour Sandra,
    Et voilà, comment la toile peut permettre de redécouvrir sa famille !
    Je suis ravi de votre prise de contact. Je vous propose de le poursuivre maintenant par courriel.
    Yves.

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